Ce carnet à la couverture verte comporte 33 pages, une feuille ayant été probablement arrachée. Il mesure 10,7cm sur 16,8cm. Il a coûté 0,39NF. Les graffitis ornant la couverture sont, je pense, l'oeuvre de mon frère René, 14 ans en mars 1963, qui essayait de s'inventer une signature et peut-être aussi d'imiter celle de notre mère. Sa date anniversaire, le 19 mars, est également entourée au stylo bille.

Durant les neuf mois que couvre ce carnet les recettes proviennent du travail de ma mère, mais aussi de la paie de mon frère Jean-Pierre, 16 ans le 15 mai 1963 et apprenti à l'usine Lorraine-Escaut, et puis des différentes aides en espèce (U.N.I.R.S.) ou en nature (plusieurs colis de victuailles en décembre et avril, des bons d'achats de la ville de Longuyon, les étrennes des employeurs). Ma mère emprunte parfois des sommes modiques à ma grand-mère, mais aussi à Mme Perceval (mère de Mme Grandjean) et est obligée de régler certaines dépenses importantes en plusieurs fois (charbon, patates, épicerie, docteur Giacalone). Pour la première fois une bûche a été achetée pour Noël (400Fr)! Et le laitier "Titi" Guérin offre un litre de lait le 2 janvier: 0,63NF! Le prix du litre augmente de 1 centime le 18 janvier 1963.

Ma mère commence à compter en nouveaux francs au 1er janvier 1963, en se résignant à tout diviser par 100! Mais elle continuera de nombreuses années encore à raisonner et parler en anciens francs.

Le 30 janvier les allocations familiales se montent à 320,60NF. Le 1er février ma mère perçoit un nouveau versement pour dommages de guerre de 103,75NF. Le 21 avril 1963, un dimanche, j'ai 9 ans et ma mère a acheté des gâteaux pour 1,05NF (1,69NF avec le litre de lait).

A la suite de ce carnet je publie les pages du livre de gains pour la même période ainsi que les prévisions de dépenses et autres dettes à régler.