Ce petit répertoire à spirale de couverture jaune mesure 9cm sur 12,8cm et a coûté 58Fr ; il comportait initialement 96 pages mais beaucoup sont manquantes et il ne reste que 26 pages. Ma mère y a noté ses dépenses mais également, comme dans les précédents, certaines recettes , mensuelles ou trimestrielles: pension U.NI.R.S. (15205Fr le 1er avril), secours de l'usine Lorraine-Escaut (10000Fr le 6 avril de Mlle Vaugin, assistante sociale, 25000Fr le 8 juin), secours de la ville de Longuyon (12000Fr le 10 avril). La bourse d'études est versée en mai puis en juin: 10800Fr à chaque fois. Les allocations familiales sont toujours perçues à la fin du mois: 26125Fr le 26 août 1961 (carnet n°51).

En effectuant des travaux ménagers chez ses employeurs, ma mère gagne 13430Fr en avril, 13740Fr en mai, 8465Fr en juin (ma mère est en congés maladie 15 jours), 10605Fr en juillet et 16635Fr en août (voir carnet de recettes n°52 déjà publié). C'est dire que les différentes aides sont indispensables pour nourrir quatre personnes. Ainsi les dépenses d'avril se montent à 76422Fr, dont 15440Fr pour l'achat d'une gazinière trois feux. En mai, elles se montent à 59251Fr, en juin à 64506Fr et à 52793Fr en juillet.

Ma mère dispose enfin d'une gazinière pour cuisiner et en profite pour fabriquer de belles quantités de confitures: abricots, fraises, reines-claudes, mirabelles, quetsches, coings, 57kg en tout! (voir carnet de gains n°52).

Les quelques distractions de ma mère se limitent à la lecture quotidienne du journal local (L'Est Républicain) et à l'écoute de Radio Luxembourg. Quant à nous, nous pouvons aller au cinéma Vox de Longuyon de temps en temps. Sinon, nous jouons dans la rue avec les copains du quartier. Cet été-là, mes deux frères, Jean-Pïerre, 14 ans, et René, 12 ans, vont en colonies de vacances à Longeville, en Vendée ; moi, j'ai fréquenté le centre aéré et n'irai en colonie qu'en 1962.