70 ans.... dans 15 mois maintenant
Le 21 octobre 2021, j'écrivais le texte qui suit sur mon blog: "70 ans dans 30 mois"! Alors, à mi-parcours ou presque, je viens de le relire, histoire de faire le point puisque mes passions, comme ma soif de vie, sont certes intactes mais voilà, c'est dans 15 mois maintenant, et se pose la question de savoir comment atteindre puis passer ce cap dans les meilleures conditions physiques et intellectuelles possibles.
Et puis l'événement majeur de ces derniers jours, c'est que nous sommes grands-parents pour la quatrième fois: désormais trois garçons de 10, 8 et 3 ans en 2023... et une petite fille, Iris, née il y a quelques jours! Alors il va falloir gérer au mieux une énergie qui, comme partout sur la terre, n'est pas illimitée, voire même en baisse. Chaque mercredi soir, quand la maison retrouve son calme vers 18h, je n'ai guère envie d'écouter Yes, King Crimson ou Led Zeppelin, mais plutôt Charles Lloyd, Eric Frasiak ou Gautier Capuçon!
Quant à la nage avec palmes, là aussi je réduis progressivement la voilure, en me limitant le plus souvent à 2500m par entraînement et pas plus de 20km par mois (225,5km en 2022). La moto, elle, reste une "folle" passion mais consommée avec toujours plus de prudence, mes balades n'excédant pas une centaine de km en général (3700km en 2022).
Autant pénétrer dans la piscine constitue quelque part une mise à nu révélant au public un corps vieillissant, autant enfiler ma combinaison en cuir, mes bottes, casques et gants puis enfourcher ma moto me font pénétrer dans une autre dimension, cette "carapace" m'apportant quelque part une illusion d'éternelle jeunesse, voire d'invincibilité. Dans ces deux situations de "glisse", dans l'eau ou l'air, les sentiments qui dominent sont la sérénité et une totale liberté: la tête se vide! Et tant pis si le corps se plaint après une heure de nage ou deux heures de bécane.
Bon, mes autres passions sont moins énergivores, fort heureusement, et quand je ne nage pas ou ne roule pas, je marche avec ma chère Michèle, je fais de la photo, de la généalogie (41000 personnes référencées sur ma page Geneanet), des montages vidéos que je poste sur ma chaîne YouTube "bipalmeur", je partage et échange avec pleins d'amis sur Facebook ... et je fais un peu d'entretien de notre verger. Et puis nous chantons au sein de la chorale "Le choeur du Jarnisy" sous l'égide de l'ami Régis Cunin, et nous sortons souvent, entre concerts (près de 40 en 2022) et cinémas. Bref, la retraite à 60 ans, ça n'a que du bon! Alors pourquoi certains veulent faire bosser les gens plus longtemps?
"Ferai-je encore des selfies dans mon cuir bariolé devant le monument du Montsec ou ailleurs? Pourrai-je du reste encore enfiler une combinaison de moto ou de nage? Bouffer du macadam au taquet - je l'avoue - sur ma bécane sur les routes de Meuse, avaler des longueurs de bassin en palmes à la piscine ? Déguster tous les bons petits plats que ma chère femme me concocte chaque jour ou presque depuis 40 ans? Jouer et rigoler avec mes petits-enfants (trois aujourd'hui mais peut-être plus d'ici-là)? Boire une bonne bière belge avec le fiston ou mon cousin liègeois? Ecouter Pink Floyd, Genesis, Camel, Caravan, Led Zeppelin, Elton John, King Crimson, Emerson, Lake and Palmer, Yes ou Neil Young à fond sur mes Cabasse comme 50 ans auparavant? Courir les concerts et spectacles en tous genres à Jarny, Boulange, Metz, Hattonchâtel, Pagney-derrière-Barine, Florange, Luxembourg? Shooter les artistes, les mômes, les oiseaux, les papillons, les libellules, les chats, les chevreuils, les belles motos, les belles bagnoles? Chanter dans une chorale? Inonder Facebook et YouTube de mes photos et vidéos? Remonter toujours plus loin dans le passé à la recherche de mes ancêtres sur Geneanet? Bref, profiter encore et encore d'une - déjà bien remplie - vie qui avait plutôt mal débuté il y a 67 ans?
C'est vrai, mon enfance ne fut pas toujours folichonne: un père disparu bien trop tôt (j'avais deux ans), mais une mère qui assure un max pour élever mes deux grands frères et moi dans un logement miséreux, des familles ouvrières qui s'entraident, des copains d'école solidaires et aussi des instituteurs et des professeurs formidables, des services sociaux de proximité dévoués et efficaces (ville de Longuyon et son Maire, M. Drapier, association des anciens prisonniers de guerre, assitante sociale, Mme Vaugin, d'Usinor), bref un tissu social qui n'a, selon moi, pas son équivalent de nos jours et qui m'a permis de monter dans le fameux ascenseur!
Bon, ce ne fut pas si simple d'atteindre le dernier étage, à savoir ce beau métier de prof que j'ai pratiqué et aimé pendant 38 ans, et l'agrégation de Physique appliquée décrochée en juillet 1988. Il a fallu relever les manches, aller chercher les moyens financiers et humains, se serrer les coudes avec famille et amis, effectuer les bons choix (école d'ingénieur INSA ou faculté de sciences en 1972?) et aussi apprendre, encore et encore, grâce à des collègues scientifiques solidaires (Merci Lina Gavoille!) et aux livres, achetés par dizaines durant ma carrière ; grâce aussi à un proviseur, Jacques Duhr, qui m'a donné ma chance, en 1986, en me confiant des classes de technicien supérieur (même si notre relation fut parfois houleuse). Et puis ce début de carrière hasardeux (maître-auxiliaire jusqu'en 1981) m'a offert de rencontrer celle qui allait devenir la femme de ma vie. Alors un échec au CAPES quelques années plus tôt se transformait soudain en rayon de soleil en cet automne 1982!
Voilà, ça fait près d'une heure que je suis sur mon clavier, alors que je n'avais qu'une idée: publier une énième photo de ma bécane et de mon p'tit derrière dans ma combinaison Franck Vidal sur mesure que j'enfile depuis 12 ans. Ce ne sera sûrement pas la dernière, qu'on se le dise! Je vais tout faire pour continuer à bouffer la vie à pleines dents, et pour faire profiter de ma joie de vivre celles et ceux que j'aime, mais aussi toutes celles et ceux, anonymes parfois, qui s'intéressent, à travers ce blog notamment, à mes (trop) nombreuses passions et à qui j'espère apporter de bons moments d'évasion."