Ce carnet de mêmes dimensions que les précédents comporte treize feuillets et des graffitis sur la couverture. Les comptes des trois dernières dates sont barrés mais réapparaissent dans le carnet n°40. Ma mère a inscrit son nom au dos du carnet avec la mention "Vve", car elle elle est veuve depuis le 5 août 1956. Toute sa vie, elle signera en précisant ces trois lettres devant Lesquoy.

Au fil des jours de nouvelles dépenses font leur apparition: une lessiveuse à 1700 Fr (nous n'avons bien sûr pas de lave-linge), un corset à 4000 Fr, du linge de maison pour 7348 Fr. La facture de l'enterrement est réglée aux pompes funèbres Poul le 12 septembre: 38400 Fr. Les commissions (on ne disait pas "les courses "à cette époque) effectuées au Familistère sont payées le 12 septembre (27759 Fr) puis le 4 octobre (15000 Fr). A l'école primaire mes deux frères vont en étude le soir. Cela a coûté 800 Fr le 2 octobre et mais je ne sais si c'était pour le premier mois ou pour un trimestre.

En octobre 1956, ma mère touchera 780000 Fr d'assurance décès de Lorraine-Escaut, l'usine ou travaillait mon père et, avec le capital versé par la sécurité Sociale et une quête effectuée dans le service, c'est au total près de un million de francs (anciens bien sûr) qui rentreront dans les caisses du foyer.

Ma mère fera alors installer un point d'eau dans la cuisine de l'étage de notre maison (qui est notre seule pièce de vie) par l'entreprise Mangin de Longuyon pour 10000 Fr, comme elle le relate dans ses mémoires. Mais je n'ai pas trouvé trace de cette dépense dans ce carnet.