Marie Catherine Gobert (1867 - 1949): histoire d'une longuyonnaise résiliente - 2ème partie
Le 15 juillet 1902, à Longuyon, Marie Catherine Gobert, veuve depuis 4 ans de Claude Alfred Velter, de huit ans son aîné, épouse Jules Lesquoy, chauffeur aux Chemins de fer de l'Est, de neuf ans son cadet. Mon grand-père est né le 27 novembre 1876 à 2h du soir à Longuyon, rue Mazelle, de Jean Auguste Lesquoy, 28 ans, terrassier, foulonnier, et de Françoise Caullet, 33 ans. Il est l'aîné de trois garçons, Sébastien Alfred étant né le 15 avril 1878 et Christophe le 1er juillet 1881 à Longuyon. Leur mère, journalière, décède le 18 juin 1885 à 41 ans, leur père le 9 avril 1907 à 59 ans à l'hospice de Longuyon.
Le 18 juillet 1903, à 2h du matin, naît au domicile de la rue Mazelle Henri-René Lesquoy, huitième enfant de Marie-Catherine, oncle que je ne connaîtrai jamais. Célibataire et employé des Chemins de fer de l'Est, il décède à Laxou le 5 janvier 1943. Ma mère m'a raconté qu'il avait perdu la raison après avoir assisté à la mort d'un collègue cheminot, décapité lors d'un accident sur un train.
Le 26 novembre 1904, à 5h du matin, naît au même endroit Jules-Georges Lesquoy. Ce neuvième enfant de Marie-Catherine décède, à l'âge de trois ans, le 7 décembre 1907 au nouveau domicile des parents, rue Carnot à Longuyon.
Le 9 décembre 1905, mon grand-oncle Christophe Lesquoy, manoeuvre de 24 ans, épouse à Longuyon Laure Dominé, 27 ans, originaire de Haybes, canton de Rocroy, et veuve de Justin Charue. Ses deux frères, Jules et Sébastien Lesquoy, sont témoins.
Le 4 août 1906, à 11h du matin, naît rue Mazelle André-Georges Lesquoy. Je me souviens très bien de cet oncle et de son épouse, née Marguerite Laurent et originaire d'Ornes, en Meuse. Ils se sont mariés le 5 février 1932 à Longuyon et ont eu deux filles: Monique et Josette. Ils habitaient rue Carnot, au pied de la côte "des garçons", en face de l'école primaire et du C.E.G.. Lorsque j'étais gamin, nous allions leur rendre visite avec ma mère au moins à chaque nouvel-an pour souhaiter "La Bonne Année" (et une bonne santé!). J'en repartais toujours avec une petite pièce. André et Marguerite sont décédés à deux semaines d'intervalle à l'automne 1979 à Longuyon.
Monique lesquoy en juin 1946
Le 26 avril 1907, Joseph Velter, premier enfant de Marie-Catherine, chaudronnier aux Chemins de fer de l'Est, épouse, à 23 ans, Irma Adélaïde Bourguignon, 22 ans, couturière, née à Longuyon le 6 janvier 1885 de Joseph Alexandre Bourguignon, employé aux Chemins de fer de l'Est, 53 ans, et de Joséphine Adélaïde Michel, décédée le 12 mars 1889. De cette union naissent deux filles: Paulette-Charlotte, le 17 mars 1908 à 1h du soir au domicile de la rue Gilles à Longuyon, et Madeleine Claudine, le 20 mai 1919 à Longuyon. Celle-ci décède au Havre le 19 septembre 1983.
Madeleine Claudine Velter, à 6 ans, en septembre 1925
J'ai connu Paulette Velter, ma cousine germaine de 46 ans mon aînée, jusque dans les années 80. Ma mère et moi la croisions parfois dans les rues de Longuyon. Elle s'est mariée avec Victor Léon Théry le 5 février 1927 à Longuyon. De cette union naîtra une fille, Michèle, en 1933. Veuve avant 1940, Paulette a épousé André Jules Théodore Maillard le 4 mars 1940 à Longuyon. De cette union naîtra un fils, René, en 1947. Paulette Maillard est décédée le 11 février 1986 à Mont-Saint-Martin. Une soeur de mon cousin par alliance Victor Léon Théry, Maria (1897 - 1990), a épousé le 29 avril 1920 à Cosnes-et-Romain René Mangenot (1891 - 1970), douanier et frère aîné de mon grand-père Maurice Mangenot (1902 - 1972).
Le 2 avril 1909, à 8h du soir, naît à Longuyon, au nouveau domicile de la rue Carnot, Jean-Jules Lesquoy. C'est le onzième enfant de Marie-Catherine Gobert, 41 ans. A cette période, elle élève donc, avec mon grand-père, trois garçons. Les trois plus jeunes enfants encore en vie de son premier mari, Julie Marguerite, Albert Camille et Marie Joséphine Velter, habitent avec leur grand-mère Marie Jeanne Labbé, comme en atteste le recensement de Longuyon de 1911.
Le 3 janvier 1913, Julie Marguerite, 20 ans et épouse de Paul Antona, décède à Paris, dans le 14ème arrondissement, au 123 Bd Port Royal, probablement à la maternité qui s'y trouvait (siège aujourd'hui de l'hôpital Cochin). Sa soeur Marie Joséphine décède à Longuyon le 14 septembre 1913 à 16 ans.
Le 24 août 1914, Longuyon est pillée et incendiée à 80% par trois régiments d'infanterie prussienne, commandés par le général Von Moltke. Le hameau de Noërs est entièrement brûlé et la plupart des habitants assassinés. A Longuyon, 86 personnes sont abattues dans les rues ou fusillées et 70 sont brûlées vives. Parmi elles 21 jeunes réquisionnés pour enterrer les cadavres sont ensuite fusillés. Camille Alfred Velter, 20 ans, périra ce jour-là sous les balles allemandes. Sa fiche militaire comporte cette mention : "N'a pu rejoindre son corps en 1914 (cas de force majeure)". Il exerçait le métier d'ajusteur. Son nom est gravé sur le monument aux Morts de Longuyon, avenue O'Gormann.
Rue des fossés, à Longuyon, avant 1914, puis rue Albert Lebrun
Rue du four, à Longuyon, en 1919
Mon grand-père Jules Lesquoy, soldat de 2ème classe en novembre 1897, a été réformé temporairement par la commission spéciale de Mézières le 6 mars 1900 pour bronchite chronique, comme en atteste sa fiche militaire. Il a accompli une période d'exercices dans le 145ème régiment d'infanterie du 29 février au 27 mars 1904. Il reste affecté aux chemins de fer de l'Est comme chauffeur durant la guerre. Il décède, à 40 ans, à l'hôpital civil de Bar-le-Duc (Meuse) le 27 juillet 1917. Je ne sais rien des causes de son décès et n'ai aucune photo de lui. Son frère utérin, Joseph Velter, a été affecté dans les Services auxiliaires par le conseil de réforme pour faiblesse de la vue et exerce son métier de chaudronnier pendant le conflit.
Mon arrière-grand-mère Marie Jeanne Labbé s'éteint à Longuyon le 9 mars 1916 à 85 ans.
Entre janvier 1913 et juillet 1917, ma grand-mère a perdu trois enfants, dont un dans des circonstances atroces, son second mari et sa mère. A 50 ans, elle doit élever seule trois jeunes garçons. Où a-t-elle puisé la force pour surmonter autant de drames en trente ans? Je l'ignore. Je n'ai aucune archive sur sa vie dans l'entre-deux-guerres, si ce n'est quelques photos, d'elle avec ses jeunes enfants, réalisées peut-être vers 1914, de mon oncle Henri-René, vers 1924 (il est en uniforme) et de mon père en communiant (vers 1921), avec la fanfare de l'Amicale Saint-Louis et aussi en uniforme (vers 1930). Certaines sont signées du studio "Art-Photo", O. Doumont à Longuyon et Montmédy, ou "Photo Parisse". Mon père a, très jeune (vers 12 ans), intégré cette fanfare mais également l'harmonie de Longuyon, où il jouait du clairon. Il restera membre de l'Amicale Saint-Louis jusqu'en 1952. Mon oncle André en faisait également partie, comme me l'a indiqué mon frère aîné Jean-Pierre.
Jean Jules Lesquoy, en communiant, vers 1922
Les conscrits de la classe 1929
Jean-Jules Lesquoy, avec l'Amicale Saint-Louis, et Auguste Rodry, vers 1930
Le mariage, le 5 février 1927, de Paulette Charlotte Velter avec Victor Léon Théry est l'occasion de réaliser une superbe photo de famille où l'on reconnaît ma grand-mère, assise tout à gauche et mon oncle Joseph Velter, assis près de sa fille. Mon futur père, 18 ans, est au troisième rang, au centre. Mes deux oncles sont au second rang : Henri-René, 24 ans, à gauche et André, 21 ans, à droite en uniforme. Il est probable que le couple debout en haut à gauche soit René Mangenot, douanier dans le Pays-Haut, et sa femme Maria Théry, soeur de Victor, et que leurs deux filles soient debout au premier rang : Marguerite, 5 ans et Régine, 4 ans.
Paulette Charlotte Velter et Victor Léon Théry
En 1931, selon le recensement de Longuyon (p.89/100), Marie-Catherine Lesquoy est employée aux chemins de fer de l'Est et vit avec son fils André, 25 ans, place Thiébaut. Mon père, Jean-Jules, 22 ans, effectue probablement son service militaire et mon oncle Henri-René n'est plus domicilié à Longuyon (ils ne sont pas recensés).
En 1936, ma grand-mère, 69 ans, vit avec mon futur père, 27 ans, ajusteur aux chemins de fer de l'Est, rue Albert Lebrun à Longuyon (recensement p.18/97). Elle y habitera jusqu'à son décès en 1949. Cette maison, sise juste en face de l'école maternelle du centre (inaugurée en 1927 par le maire Paul Marie), sera plus tard habitée par la famille Doucet.
Mon père, mobilisé en 1939, est fait prisonnier en juin 1940 et envoyé au camp de Moosburg, en Bavière, à 60km au Nord-Est de Munich, où jusqu'à environ 50000 soldats français seront enfermés. Il porte le matricule n°73419, est affecté au kommando n°2567, et travaille pour les habitants de la ville de Altötting, probablement dans les exploitations agricoles (renseignements trouvés sur le site internet Moosburg.org) entre 1940 et avril 1945. Il écrit régulièrement à sa mère, surnommée "ma bonne Nini". Il participe à des activités théâtrales, comme en attestent plusieurs photos. Le camp comporte une bibliothèque importante. Le gouvernement français envoie à Moosburg à plusieurs reprises des trains de vivres entre 1943 et 1944. Mon père en reviendra avec notamment quelques agendas, certains reconvertis plus tard par ma mère en carnets de comptes, et sa cantine en bois verte que je conserve précieusement.
Comme je l'ai déjà évoqué, mon oncle Henri-René meurt à Laxou, en hôpital psychiatrique, le 5 janvier 1943. Je ne sais pas depuis combien de temps il y était placé, mais c'est le huitième enfant que perd ma grand-mère.
A l'automne 1945, mes grands-parents maternels, qui habitent 39, rue du Maréchal Foch, envoient leur fille Suzanne, 19 ans, pour des travaux de couture chez Marie-Catherine Gobert, 78 ans. Ma future mère, qui a abandonné ses études à cause de la guerre, a travaillé dès 14 ans à des tâches de secrétariat aux établissements Jacque, marchands de grains, où mon grand-père est comptable. Elle est l'aînée de trois enfants: Pierre a 8 ans et le petit dernier, André, 2 ans fin 1945. Elle est assez corpulente depuis longtemps et le vit plutôt mal. Ma mère m'a souvent raconté que, lorsqu'on la voyait se promener dans les rues avec son frère bébé en landeau, on croyait que c'était son enfant. Difficile pour elle de rencontrer un garçon dans ce contexte. Seulement voilà, il y a ce Jean-Jules, 36 ans, qui vient de rentrer à Longuyon vivre chez sa mère, à quelques centaines de mètres de là.
Lucile Herbin et Maurice Mangenot vers 1924
Suzanne Mangenot, en 1938
C'est le début d'une histoire d'amour, forcément belle au début. Mon futur père a la réputation d'un brave gars à Longuyon. Mais son penchant pour l'alcool est connu, notamment de mes grands-parents Mangenot. Il n'est sans doute pas le seul à "boire" dans le monde ouvrier, surtout en cette période d'après-guerre, où la reconstruction d'un pays une nouvelle fois ravagé va demander d'énormes efforts aux travailleurs et travailleuses valides. Pendant plusieurs années encore, les familles connaîtront le rationnement et les tickets de ravitaillement.
Je garde de mon grand-père Maurice Mangenot l'image d'un homme gentil avec moi mais assez imposant et autoritaire. Ma grand-mère Lucile n'a guère voix au chapître. Elle gère le foyer avec l'argent que lui donne son mari. Lorsque l'aînée, mineure, manifeste la volonté de se marier avec Jean-Jules, elle essuie un refus catégorique. Mais elle ne renonce pas à son projet ; alors, en avril 1946, elle est mise à la porte par ses parents et va habiter chez sa future belle-mère.
Jean-Jules Lesquoy, 37 ans depuis deux mois, et Suzanne Mangenot, 20 ans depuis neuf jours, se marient à Longuyon le 20 mai 1946 à 17h, Lucile et Maurice Mangenot ayant accepté de se déplacer en mairie pour donner leur accord et signer l'acte ; mais ils ne participent pas au repas, qui ne comprend que sept convives.
Le 26 juin 1946, mes parents emménagent dans une maison, déjà ancienne et sans aucune commodité, au 16 de la rue Albert Lebrun, à deux pas du domicile de Marie-Catherine, appartenant à Mme Leparlier, épouse Ponozny et commerçante rue de l'hôtel de ville. Ce soir-là, ma mère a cuisiné une soupe de pois cassé et une saucisse à cuire, comme elle le raconte dans ses mémoires.
Le loyer mensuel est de 210fr. Le seul point d'eau se situe au rez-de-chaussée, constitué d'une cuisine rudimentaire, d'une "cave" en terre battue où seront stockés charbon et patates, et d'un WC surmontant une fosse septique. A ma naissance en 1954, nous habitons en fait au premier étage, qui comporte une grande cuisine (environ 20m²) dotée d'une imposante cheminée et d'une pierre à eau, et une grande chambre, où nous dormons à cinq entre avril 1954 et août 1956 puis à quatre jusqu'en 1965. Une cuisinière à charbon fonctionne en permanence, même en été, pour faire à manger, et est complétée par un poêle dans l'unique chambre. Le deuxième étage est constitué d'une vieille mansarde, qui sera plus tard aménagée en chambre (ou j'établirai mes quartiers en 1971), et d'un grenier au plancher vermoulu. Ma mère fait poser une arrivée d'eau (froide) à la cuisine de l'étage en octobre 1956 par l'entreprise Mangin et achète une première gazinière à la quincaillerie Thore en 1961. Cette maison où j'ai vécu 26 ans sera rasée en novembre 1982 puis reconstruite par l'entrerise Galantini.
Le 15 mai 1947 naît à Mont-Saint-Martin mon frère Jean-Pierre. La même année, ma cousine Paulette-Charlotte Velter, épouse Maillard, met au monde son deuxième enfant, René. Mon oncle André et ma tante Marguerite ont eu deux filles, Monique, née en 1934 et Josette, née en 1945. Marie Catherine est donc, à 78 ans, arrière-grand-mère deux fois et grand-mère cinq fois. Mais j'ignore si son autre petite-fille Madeleine Claudine Velter, née en 1919, a eu une descendance.
Marie-Catherine décède le 23 janvier 1949 à Longuyon dans sa quatre-vingt deuxième année. L'héritage matériel se limite à quelques meubles, bibelots, et photos, autant que je me souvienne. J'entends encore ma mère dire parfois en désignant un objet: "ça, ça vient de chez la mère Lesquoy". Ma grand-mère n'était certainement pas très riche à la fin de sa vie. Je sais juste que son premier mari, Claude Alfred Velter, a été déclaré indigent à son décès en 1898.
Suzanne Lesquoy en 1949
En février 1962, ma mère, comme sans doute ses deux beaux-frères Joseph Charles Velter et André Lesquoy, touche les premiers titres pour dommages de guerre subis par Marie-Catherine Lesquoy: 19610fr (anciens francs) pour deux années, versés par le notaire, Me Vignot, puis 10375 fr en février 1963, 10347fr en février 1964, 9927fr en février 1965, 9800fr en mars 1966, 9700fr en mars 1967, 9350fr en mars 1969 (sommes relevées dans ses carnets de comptes tenus depuis 1948). A titre de comparaison, ma mère gagne, début 1962, 160fr de l'heure comme femme de ménage, parvenant à gagner environ 13000fr par mois ; elle règle un loyer mensuel de 2160fr.
Le 19 mars 1949, naît à notre domicile mon frère René. A la rentrée 1950, mon frère Jean-Pierre est scolarisé à l'école maternelle du centre, juste en face de chez nous. René y entrera à 3 ans également. Fin 1952, notre père Jean-Jules souffre d'un ulcère à l'estomac et est victime d'hémorragies. Il est hospitalisé durant trois semaines à Mont-Saint-Martin puis de nouveau six semaines entre février et mars 1953. Il ne pourra reprendre son travail d'ajusteur à l'usine Lorraine - Escaut de Longwy que le 4 juin 1953. Je suis conçu cet été-là et vais naître à Mont-Saint-Martin le 21 avril 1954. Courant 1955, notre père suit une cure de désintoxication qui fera son effet pendant six mois. Mais il rechute début 1956. Après trois semaines de maladie, il s'éteint à l'hôpital de Mont-Saint-Martin le 5 août 1956. Ma mère, à 30 ans, est veuve, mère de trois garçons de 9, 7 et 2 ans et sans emploi. Une nouvelle vie commence...
Portrait de Jean-Jules Lesquoy réalisé par Jean-Pierre Lesquoy
Les trois frères vers 1957
Les trois frères en avril 1968
Au fil des années qui suivent, certains souvenirs s'estompent ou sont enfouis. En tout cas, dans mon adolescence, je n'entends guère parler de ma grand-mère Lesquoy. C'est vrai que ma mère ne l'a connue que quelques années. Et quand elle me parle de mon père, ce n'est presque jamais dans des termes aimables, après dix années de mariage qui ne furent pas de tout repos. Plus une goutte de vin n'entre à la maison! Pour trouver un peu de réconfort, ma mère se tourne davantage vers sa famille, et notamment ses parents et ses deux jeunes frères, que vers ses beaux-frères. Et puis, dès que je peux être scolarisé à la rentrée 1957, elle commence à faire des ménages dans Longuyon, d'abord chez This et chez Adnot puis chez Grandjean, pour 120fr de l'heure. Elle aura ainsi "le nez dans le guidon" jusqu'en 1973. Mais ceci est une autre histoire.
Dans les années 60, dans cette même rue Albert Lebrun, habite la famille Bournon: René, cheminot, et Monique, fille d'André Lesquoy et donc ma cousine, et leurs quatre enfants (puis un cinquième en 1968). L'occasion pour moi de passer de bons moments à jouer chez eux et dans la rue, avec les aînés Daniel et Gérard. Beaucoup plus tard, vers 1982, au club nautique de Longuyon, je découvrirai que la jeune Aline Simon, fille de mon autre cousine, Josette Lesquoy, est déjà une championne de nage avec palmes, avec laquelle je participerai à quelques compétitions. Quant à mes cousines, Josette et Monique, je me souviens qu'elles ont toujours été bienveillantes avec leur tante Suzanne, jusqu'à son décès en 2016, venant régulièrement lui rendre visite.
Chez Monique et René Bournon, avec Daniel, Dominique et Chantal, vers 1972
Début 2001, ma mère, à 75 ans, se lance dans des recherches généalogiques sur la famille Lesquoy, questionnant les services d'état civil de la mairie de Longuyon et obtenant des actes de naissance, de mariage et de décès remontant jusqu'en 1818! Elle retrace ainsi, dans ses grandes lignes, la vie de Marie-Catherine Gobert, sa belle-mère. C'est grâce à ses notes et son cahier de mémoires que je peux poursuivre ces recherches depuis trois ans, grandement facilitées par les moyens informatiques actuels.
Alors, ce 8 mars 2021, journée internationale des droits des femmes, j'arrive au terme de cette histoire d'une grand-mère que je n'ai pas connue, certes, mais dont je réalise à quel point elle a dû se battre, pendant plus de soixante ans, pour surmonter autant d'épreuves, dans un monde dominé par les hommes. Mais quand je regarde Marie Catherine Gobert en photo, je l'imagine avoir eu souvent le dernier mot!