Deux ans aujourd'hui que mamie Suzanne n'est plus des nôtres, au moins physiquement ; mais elle vit toujours parmi nous, par la pensée et aussi par ses écrits que je relis avec un immense plaisir. Alors voici ce que ma mère racontait de sa vie, de celles de mes frères et de moi mais aussi de la famille et des proches il y a cinquante ans, à une période agitée, pas seulement côté météo! Les événements de mai et juin 68 sont ici décrits au travers d'une lorgnette un peu particulière, depuis le 16 de la rue Albert Lebrun à Longuyon par une simple mère de famille, veuve depuis douze ans, qui doit aller faire des ménages à droite et à gauche pour faire bouillir la marmite et qui râle de l'absence de courrier ou des débuts de pénurie dans les épiceries.

A cette époque, je viens d'avoir quatorze ans et je suis en classe de quatrième au collège Albert Lebrun. Les profs font grève (enfin, sûrement pas tous...) et j'ai quelques jours de vacances en plus! Je vais toujours aider M. Lallouette, commerçant bien connu à l'époque, à ranger sa boutique de mercerie au marché le vendredi vers midi pour gagner deux francs et vais aussi à la fête foraine de juin, à la gare, ramasser les tickets au manège d'avions de M. Mazure. Je redécouvre qu'ainsi, le 28 juin 1968, j'ai pu m'acheter le canot de Batman (j'avais déjà la Batmobile!) en Corgy Toys. Dommage, j'ai revendu ma collection de p'tites bagnoles Dinky et Corgy il y a fort longtemps! Le trois juillet, je partais en colonie de vacances Usinor à Cap Breton, dans les Landes. Ma mère allait pouvoir souffler un peu pendant quelques semaines...

Cette année-là, nous avons failli quitter notre bicoque insalubre pour un logement plus vaste et confortable, celui de ma cousine Monique qui partait, avec son mari et ses enfants, habiter un appartement acheté à la Résidence canadienne. Mais celui-ci, propriété de mon oncle André Lesquoy et de ma tante (née Marguerite Laurent) nous est passé sous le nez... Je préfère ne pas me souvenir pourquoi...