Moutard futur motard... vers 2032?

Le 3 février de cette année-là, Tristan préparera son 19ème anniversaire... et moi, si tout ne va pas trop mal, le 78ème! J'aurai sans doute troqué définitivement les bottes en cuir pour les charentaises ou mis des roulettes à l'arrière de la bécane pour pas tomber. Même en étant optimiste, ce que je ne suis que rarement, si j'arrive encore à enfourcher un 2RM (deux-roues motorisé), je ne serai plus capable de béquiller sur la centrale les 260 et quelques kilos de la 850GSG, comme je l'ai encore fait ce soir après une balade de 80km vers le lac de Madine très rafraîchissante. Il faudra sans doute que je réduise la voilure d'ici quelques années...

Et puis en 2032, au train où vont les réformes, la moto n'existera sans doute plus que dans les jeux vidéo; les politiques, trop soucieux de leur réélection, auront voté des limitations de vitesse à 70km/h sur les routes, 90 sur les autoroutes et 20km/h en ville. Non seulement, il n'y aura plus de morts sur les routes, mais il y aura de plus en plus de naissances, car les maternités les plus proches seront à plus de 100km en moyenne (les autres n'étaient pas assez rentables). Dès leur plus jeune âge, les moutards apprendront que la vitesse, c'est dépassé, et que c'est réservé aux quelques richards (toujours plus nombreux) qui peuvent se payer des bolides et tourner à fond la caisse sur circuit privé, construit à grands frais juste à côté de leur résidence privée et sécurisée (caméras, gardiens, chiens...).

Bon, je m'égare mais ça me fait du bien. En fait, je rêve peut-être du jour où mon petit moutard pourra m'emmener sur sa bécane rutilante, la poignée dans le coin, sur une petite route bien rectiligne sans radar. Tiens, ça me rappelle que l'été 1982, quelques semaines après avoir acheté cette belle 850 d'occasion, alors que je campais au lac de Madine, j'ai emmené une copine (et femme d'un copain!) sur une petite route étroite et bien droite du côté de Nonsard, histoire de fouetter les chevaux de la Suz' et de la faire monter dans les tours (la bécane...); on a souvent évoqué par la suite, autour d'un bon repas entre amis,  ce moment d'insouciance et de bonheur à deux cents kilomètres à l'heure... d'inconscience dirait-on maintenant. Et puis notre amie Noëlle Bayard nous a quittés il y a onze mois ; elle avait 62 ans.